Troubles de l'attention avec ou sans hyperactivité TDA(H)

Isabelle LOUIS-PONSING
il y a 2 ans | 13 min de lecture
Troubles de l'attention avec ou sans hyperactivité TDA(H)

Comprendre pour soutenir l’enfant présentant un TDAH

Les Troubles du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité ont des impacts sur la scolarité. Il est donc important de comprendre ce qui se passe pour pouvoir compenser les difficultés liées au TDA(H) dans les apprentissages scolaires.

Au-delà du milieu scolaire, le comportement d’un enfant présentant un TDAH est souvent source d’incompréhension de la part des parents, voire de conflits.
L’épuisement parental n’est pas loin !

Comment détecter un TDA ou un TDAH ?

Pour le dépistage du trouble de l’attention, le questionnaire de Conners (accessible sur le site de l’AFPA association française de pédiatrie ambulatoire), qui doit être rempli par chaque parent et enseignants ou éducateur de l’enfant, donne déjà une bonne indication et une première étape avant une prise en charge par le corps médical.

Même si votre médecin peut suspecter un TDAH face aux 3 symptômes suivants : trouble de l’attention, impulsivité et hyperactivité, le diagnostic du TDA ou du TDAH doit être posé par un professionnel, pédopsychiatre ou neuropsychologue.

 

Grâce à une série de tests, le professionnel de santé pourra établir s’il existe ou non un décalage entre les résultats attendus et ceux observés.

Qu’est-ce-que le TDAH ?

Le TDA ou le TDAH sont un dysfonctionnement d’une partie du cerveau (le lobe préfrontal situé au niveau du front). Cette partie du cerveau est impliquée dans les fonctions exécutives, les fonctions de régulation :

·         Inhibition : capacité à filtrer / sélectionner, à renoncer / réprimer, c’est-à-dire être capable de s’empêcher de… ;

·         Planification : anticiper, élaborer une stratégie, par exemple s’organiser pour faire un devoir maison dans les temps ;

·         Flexibilité mentale : s’adapter, initier une stratégie nouvelle, autrement dit être capable de passer d’une idée à l’autre ;

·         Mémoire de travail : manipuler mentalement des informations, soit appliquer une double ou triple consigne.

Quels types d’attentions sont impactés ?

Il existe 3 sortes d’attentions, dont nous avons besoin au quotidien :

·         L’attention focalisée : sélectionner l’information à traiter en priorité en conservant la qualité de la vigilance ;

·         L’attention divisée : partager son attention entre plusieurs activités ;

·         L’attention soutenue : maintenir son attention sur une longue durée sans baisse de la qualité d’attention.

Pour un enfant souffrant de TDA, maintenir son attention peut être extrêmement fatiguant !

Définition scientifique de l’hyperactivité

C’est une instabilité motrice et une agitation irrépressibles.
Ce défaut de contrôle – ce n’est en aucun cas un défaut d’éducation - envahit le travail mais aussi l’activité de l’enfant au quotidien.
L’enfant doit fournir un effort considérable pour s’empêcher de bouger et il n’y arrive que quelques minutes car c’est plus fort que lui !

Il n’a donc pas l’intention d’attirer l’attention sur lui, même si c’est ce qui arrive fréquemment !

Les troubles de l’attention avec hyperactivité

Les troubles du déficit d’attention sont un trouble du développement neuronal.
Il touche environ 5,5% des enfants et 3 à 4% des adultes dans le monde.

Ces 3 caractéristiques essentielles sont :

·         L’inattention

·         L’impulsivité

·         L’hyperactivité

Souvent le TDAH s’accompagne de difficultés à gérer les émotions et l’enfant peut très vite monter dans les tours.

Quels sont les troubles associés au TDAH ?

Les troubles de l’attention sont parfois accompagnés d’autres troubles.
On retrouve les troubles DYS : dyslexie, dysorthographie, dyscalculie, dyspraxie, dysphasie ; mais également les troubles d’opposition TOP et les troubles de la régulation des émotions.

Physiologiquement, la raison est simple : les aires frontales du cerveau (néocortex) sont en relation avec les aires qui régulent les émotions (système limbique).

Dans les faits, comme ce sont tous des troubles des fonctions supérieures du cerveau, il serait plus juste de parler de syndrome dysexécutive (syndrome = ensemble de symptômes), qui se manifeste via différents aspects, dont le TDA(H), les DYS, les TOP ou le TSA (trouble du spectre autistique).

Lorsqu’un enfant présente plusieurs troubles DYS, on a tendance à considérer qu’il est multi DYS, mais il serait plus juste de dire qu’il souffre de troubles des fonctions exécutives (à confirmer par une consultation chez un neuropsychologue).

La médication est-elle une solution ?

Le traitement par le médicament le plus répandu est la Ritaline, commercialisée depuis 1974 donc l’accès est très contrôlé – il n’est délivré à l’enfant qu’avec un suivi par un pédopsychiatre – mais qui soulève une grosse résistance en France. La BD de Emma « Lucine et Enzo », permet de porter un nouveau regard sur les troubles de l’attention avec hyperactivité et la médication.

Son principe actif agit sur un neurotransmetteur – la dopamine – en bloquant son transfert vers les synapses des neurones, ce qui permet de diminuer l’agitation et d’augmenter les capacités d’attention. Son efficacité a été mesurée : 90% de bon résultats.

Mais comme tout médicament, ce médicament présente quelques effets secondaires comme la perte de l’appétit et un faible temps d’action (quelques heures), ce qui contraint à le prendre juste avant d’aller en classe.

Il n’a aucun effet d’accoutumance mais il doit être évité chez toute personne présentant un trouble anxieux généralisé (TAG). Dan ce cas, les thérapies cognitives et comportementales sont préférables.

Quels impacts scolaires et dans la vie quotidienne ?

Un enfant avec un TDA aura tendance à être facilement distrait par un bruit ou un bavardage dans la classe ou à l’extérieur (déficit de l’attention focalisée).

Il a aussi tendance à oublier fréquemment ses affaires ; celles-ci sont souvent mal rangées, abimées et les cahiers sont souvent mal tenus (feuilles non collées, déchirées, sales…).

Ce peut être aussi un enfant dans la lune – souvent qualifié de rêveur. Ces enfants ne sont pas facilement repérés par les enseignants, car ils sont discrets : ils ont juste décroché des explications données (déficit de l’attention soutenue) mais ne perturbent pas la classe.

De plus, l’enfant avec un TDA répond de façon intempestive (impulsivité verbale), a des difficultés à se contrôler et ne sait pas maintenir son attention (facilement distractible) pour réagir au bon stimulus et au bon moment.

De sorte que ses résultats scolaires sont très hétérogènes. Il fait aussi souvent des fautes d’étourderie pendant les évaluations, qu’il répète car il n’apprend pas de ses erreurs !

On retrouve aussi dans ce trouble la difficulté à se repérer dans le temps.
Cela se retrouve lors de consignes multiples que l'enfant ne peut exécuter correctement jusqu'au bout !
Pendant des années j’ai répété les consignes de retour de l’école ou du parc : nettoyer ses chaussures sur le paillasson, mettre ses chaussons, ranger son manteau puis se laver les mains ; jamais mon fils qui présente un TDA (encore aujourd’hui à 18 ans), n’a réussi à retenir toutes ces consignes ! Ce n’est que lorsque que je les ai affichées sous forme de dessin puis de phrases qu’elles ont été mieux suivies (pas de miracle tout de même, si quelque chose attire son attention, il arrêtera immédiatement ce qu’il fait !).

En revanche, lorsqu’iun enfant est très concentré sur une activité qui lui plait, il n’est souvent pas capable de passer à autre chose : la douche peut bien attendre ! D’ailleurs, souvent, il ne vous a même pas entendu l’appeler pour passer à table (déficit de l’attention divisée), il peut même vous répondre « oui, oui » pour avoir la paix, sans même s’en souvenir !!

Quant à l’enfant hyperactif, il est infatigable et usant pour son entourage !

Faut-il sévir ?

 

Il est important de rappeler que l’enfant n’a pas la volonté de mal faire. Les punitions ne sont donc d’aucun secours.

Il est important aussi en tant que parent de déculpabiliser et d’être patient, car oui, vous aller devoir répéter de nombreuses fois les consignes !!

C’est pourquoi, si votre enfant est concerné par le TDA, il est important de rencontrer son enseignant pour lui expliquer les difficultés rencontrées. Et des mesures d’accompagnement (Projet Personnalisé de Scolarisation, Plan d’Action Personnalisé…) peuvent être mises en place.

Il est important que votre enfant comprenne que ce n’est pas sa faute.
Il est essentiel de déculpabiliser l’enfant pour restaurer son estime de soi, qui flanche à chaque fois qu’il n’arrive pas à faire comme attendu, car c'est très stressant pour lui de se rendre compte qu'il n'arrive pas à répondre aux attentes de ses parents, de ses enseignants...


Il faut en revanche lui expliquer qu’il peut compenser avec des petites astuces, avec votre aide quand il est encore petit, pour le rendre responsable de son mieux-être, le rendre autonome.

Quelles solutions mettre en place à la maison ?

Il est très important de responsabiliser l’enfant sur ce qu’il peut mettre en place par lui-même.

Quand mon fils était petit, il avait un minuteur en forme de robot pour savoir la durée dont il disposait pour apprendre une leçon avant de se détendre quelques instants. Cela n’a malheureusement pas fonctionné longtemps car sa curiosité l’a poussé à le démonter pour comprendre son fonctionnement !

Vous pouvez également afficher dans sa chambre la routine du matin et du soir… pour peu qu’il la regarde.

Vous l’aurez compris, il y a plein d’astuces possibles mais il faut trouver celles qui lui conviennent.

Quelles solutions mettre en place en milieu scolaire ?

Souvent, le bulletin scolaire mentionne « ne se concentre pas » ; si vous saviez le nombre de fois où j’ai lu ces mots dans les carnets de mon fils et dans ceux d’autres jeunes lors des conseils de classes !!

Le souci, c’est qu’une fois que c’est dit et écrit, on fait quoi ?

Evidemment, les classes à petit effectifs sont à privilégier et la salle unique préférable au collège, ce qui représente moins de stress et d’insécurité pour l’élève.
L’idéal est une classe avec très peu de distracteurs (comme des affiches sur les murs et autre fresques). C’est ce que mettent en place certaines écoles spécialisées dans l’accompagnement des ces enfants.

Mais lorsque ce n’est pas possible, une solution efficace pour l’isoler du bruit ambiant, pourrait être un casque anti-bruit pendant une évaluation écrite.

La position de l’élève dans la classe a aussi son importance ; mon fils apprenait mieux en étant assis à une table individuelle, devant, près du bureau de l’enseignant qui pouvait ainsi facilement le solliciter pour reconcentrer son attention sur la tâche à faire, en faisant un petit geste convenu entre eux.

En ce qui concerne l’organisation du travail, le secret est la gestion du temps ; j’ai déjà évoqué le timer, mais surtout il faut créer un séquencement des activités avec des temps de travail très courts : 20 minutes de travail, 5 minutes de repos (où l’enfant se détend la tête entre les bras posés sur la table).

La fiche de procédure permet aussi à l’enfant distrait de savoir ce qu’il a à faire. Cette fiche est à construire avec l’enfant ; par exemple comment préparer son sac la veille au soir sans rien oublier grâce à l’agenda ; comment se mettre au travail et répondre à la consigne d’un exercice de maths ou de rédaction…

Pour les enfants hyperactifs, leur attribuer un rôle qui leur permette de bouger est valorisant (distribuer un courrier, ouvrir les fenêtres…).

Pour ces enfants, certaines adaptations peuvent être mise en place par l’établissement, pour peu que la direction y soit favorable : assise dynamique de type coussin, ballon, chaise qui se balance…

Il peut être également efficace de passer un contrat avec l’enfant : 1 point vert quand le comportement attendu est réussi (ex : ne pas parler de façon intempestive) et 5 ou 10 points (selon la difficulté d’atteindre le comportement) lui donne une récompense à court terme et rapide : passer en premier à la cantine, effacer le tableau…
Il est important que l’enseignant fasse un retour oral immédiat – feedback positif uniquement – lorsque le comportement est approprié, même si c’est minime pour éviter tout découragement.

Si besoin, ce contrat peut être assorti de points négatifs, mais dans ce cas, on peut estimer que le contrat est rempli pour 5 comportements positifs et 1 comportement négatif.
Dans tous les cas, pour que l’enfant s’implique, il doit se sentir en capacité de répondre au contrat et suffisamment stimulé par la récompense.
Le contrat peut être revu et sa difficulté augmentée au fur et à mesure que l’enfant, grâce à l’enseignant, prend conscience qu’il peut y arriver.

Et bien sûr, lorsque leur comportement en classe n’a pas été satisfaisant, ne surtout pas les priver de récréation !

Parmi les astuces faciles et peu onéreuses, les petits outils – appelés fidgets- peuvent aussi aider l’enfant à se concentrer.

Toutes les astuces évoquées ci-dessus sont bien sûr applicables aussi à la maison !
Attention, pour le contrat, la récompense ne doit pas être de l’argent (discuter avec l’enfant d’une récompense stimulante pour lui : sortie au parc, un court épisode de dessin animé…)

Enfant TDAH = adulte TDAH ?

Comme on l’a vu, le TDAH peut disparaitre en grandissant au fur et à mesure de la maturation cérébrale. Toutefois, de nombreux adultes peuvent être concernés sans le savoir !

Selon le degré d’incidence dans la vie quotidienne, il peut être important, de mettre en place dès l’enfance une prise en charge par la Maison Des Personnes Handicapées (en France) ce qui peut permettre une prise en charge financière (en partie) et humaine (si l'enfant à besoin d'une auxiliaire de vie scolaire) .

A l'age adulte, la reconnaissance d'adulte handicapé peut présenter un avantage à l'embauche pour le futur employeur ; cela lui permet de mieux comprendre les difficultés et les adaptations de postes nécessaires.

Pour mon fils, qui a refusé d’être « étiqueté » personne en situation de handicap, il a simplement informé son employeur (dans le cadre de son alternance) des difficultés qu’il rencontrait et il a eu la chance d’avoir une personne à son écoute.

Quelle prise en charge ?

Avant toute chose, il est important d’avoir une vision globale des difficultés que rencontre l’enfant pour identifier les troubles associés et la prise en charge la plus appropriée : psychomotricien, ergothérapeute, orthothérapeute, orthophoniste, sophrologue …

Commentaires

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